Andreas Dettwiler ou la passion du Nouveau Testament
Son bureau donne sur le parc des Bastions, non loin du Mur des réformateurs. Andreas Dettwiler aime cette cité de Calvin qui l’a bien accueilli et où il a noué des liens. Il n’a pourtant jamais habité Genève, préférant s’installer avec sa famille à Prangins, dans le canton de Vaud voisin. «Je suis un produit d’importation», plaisante celui qui a grandi outre-Sarine, non loin de Soleure. «Mon père était pasteur. J’ai évolué dans la culture réformée de l’époque, entouré de littérature, de musique, d’émissions de radio, mais surtout sans télévision!»
Le jeune Andreas s’intéresse d’abord aux sciences naturelles et prévoit des études d’ingénieur à l’EPFZ, avant de finalement se tourner vers la théologie à l’Université de Berne. Comme le veut la tradition, il part poursuivre ses études en Allemagne, pays considéré comme «La Mecque» de la théologie protestante. A l’Université de Tübingen, l’enseignement est proche de la philosophie et il y règne alors une liberté inspirante.
Comprendre les textes dans leur contexte
Andreas Dettwiler rentre ensuite terminer son cursus en Suisse. Il est tour à tour assistant du professeur Jean Zumstein à Neuchâtel, puis à Zurich. Dès 1997, il enseigne le Nouveau Testament à la Faculté de théologie de Neuchâtel. «Il faut vraiment être passionné pour étudier ce corpus de quelques centaines de pages. Ce qui m’a toujours intéressé, c’est de comprendre ces textes dans leur contexte historique, de voir comment le christianisme naissant, composé de petits groupes de chrétiens, est parvenu à se frayer un chemin dans les cultures gréco-romaines de l’époque et a réussi à survivre jusqu’à nos jours.»
A Genève depuis 2004, où il a notamment assumé des fonctions de doyen, le professeur enseigne aussi les différentes traditions du christianisme ainsi que la question du Jésus historique. «J’ai eu le grand privilège de travailler dans un domaine qui est à la fois ma passion et ma profession», relève Andreas Dettwiler.
Volontiers un passeur
Son collègue le professeur d’éthique François Dermange le décrit comme «quelqu’un de foncièrement honnête et rigoureux, qui s’inscrit dans une tradition humaniste, s’intéressant aussi à la philosophie et à des valeurs comme les droits humains et la démocratie, au-delà d’une pure approche scientifique». Du fait de son parcours, Andreas Dettwiler a eu l’occasion de croiser différentes cultures et se veut également volontiers un passeur.
L’enseignement lui manquera sans doute. «C’est fascinant de voir comment les étudiants évoluent, se confrontent à leurs croyances et intègrent le savoir dans leur parcours de vie. L’idée n’est pas de leur donner des réponses toutes faites, mais de les aider à développer une pensée autonome et critique», souligne celui dont les connaissances «encyclopédiques» et la pédagogie suscitent l’admiration de ses étudiants.
Durant sa retraite, le théologien continuera à travailler sur ses publications et à accompagner quelques doctorants. Il aura davantage de temps pour sa famille, ses amis, les voyages, la musique et la lecture de certains gros ouvrages qui l’attendent dans sa bibliothèque, comme Joseph et ses frères de Thomas Mann, interprétation libre de l’histoire de Joseph figurant dans la Genèse.
Côté pratique
Andreas Dettwiler donnera sa leçon d’adieu le mardi 20 mai, à 18h15, dans la salle Phil 201 du bâtiment des Philosophes (boulevard des Philosophes 22 à Genève), suivie d’un apéro.